Une inscription révélatrice
Dans les rues poussiéreuses de Niamey, capitale du Niger, une inscription sur les murs d’une représentation de l’Union Européenne a récemment attiré l’attention du monde entier : « La paix, on peut l’éviter ». Cette phrase, à la fois simple et percutante, cristallise en quelques mots une réalité complexe et troublante qui hante le continent africain depuis des décennies.
Le poids de l’histoire : l’héritage colonial
Pour comprendre la portée de cette phrase, il est essentiel de replonger dans l’histoire tumultueuse des relations entre l’Afrique et l’Occident, en particulier la France. Le colonialisme, loin d’être un simple chapitre clos de l’histoire, a laissé des cicatrices profondes et des structures de pouvoir qui continuent d’influencer la dynamique politique et économique du continent.
La France, ancienne puissance coloniale majeure en Afrique, a maintenu après les indépendances un réseau d’influence complexe, souvent qualifié de « Françafrique ». Ce système, mêlant intérêts économiques, militaires et politiques, a permis à l’Hexagone de conserver une mainmise sur ses anciennes colonies, au détriment parfois de leur développement autonome et de leur stabilité politique.
La paix comme menace : une perspective renversée
L’idée que la paix puisse être « évitée » semble, à première vue, absurde. Après tout, la paix n’est-elle pas l’objectif ultime de toute société ? Pourtant, cette phrase provocatrice met en lumière une réalité plus sombre : pour certains acteurs, la paix en Afrique représente une menace à leurs intérêts.
En effet, un continent africain pacifié, stable et prospère signifierait :
- Une plus grande autonomie politique et économique.
- Un contrôle accru des ressources naturelles par les nations africaines elles-mêmes.
- Une diminution de l’influence des anciennes puissances coloniales.
- L’émergence de nouvelles puissances régionales capables de négocier d’égal à égal sur la scène internationale.
Dans cette optique, « éviter la paix » devient une stratégie de maintien du statu quo, une façon de perpétuer des relations de domination héritées de l’ère coloniale.
Les mécanismes de déstabilisation
Comment la paix est-elle « évitée » en pratique ? Les mécanismes sont multiples et souvent subtils :
1. Ingérence politique
L’histoire postcoloniale de l’Afrique est jalonnée d’exemples d’ingérences étrangères dans les affaires intérieures des États. Des coups d’État soutenus en coulisses aux pressions diplomatiques pour influencer les élections, ces interventions ont souvent eu pour effet de déstabiliser des gouvernements légitimes ou d’empêcher l’émergence de leaders véritablement indépendants.
Le cas de Thomas Sankara au Burkina Faso est emblématique. Ce leader charismatique, qui prônait une véritable indépendance économique et politique, a été assassiné en 1987 dans un coup d’État largement soupçonné d’avoir bénéficié de soutiens étrangers.
2. Contrôle économique
Le contrôle des ressources naturelles et des systèmes économiques reste un enjeu majeur. Le franc CFA, monnaie utilisée dans 14 pays africains et dont la valeur est garantie par le Trésor français, est souvent cité comme un exemple de ce contrôle économique persistant. Bien que des réformes aient été annoncées, de nombreux critiques y voient toujours un outil de domination économique.
3. Présence militaire
La présence militaire française en Afrique, notamment à travers l’opération Barkhane au Sahel, est présentée officiellement comme une mission de lutte contre le terrorisme. Cependant, elle est perçue par beaucoup comme un moyen de maintenir une influence stratégique dans la région. Les récentes protestations au Mali et au Burkina Faso contre cette présence militaire témoignent d’une frustration croissante.
4. Guerre de l’information
À l’ère du numérique, la guerre de l’information est devenue un outil puissant de déstabilisation. La propagation de fausses nouvelles, la manipulation de l’opinion publique via les réseaux sociaux, et les campagnes de dénigrement contre les leaders africains jugés trop indépendants font partie de l’arsenal moderne pour « éviter la paix ».
Les voix de la résistance
Face à ces mécanismes de déstabilisation, de nombreuses voix s’élèvent sur le continent pour dénoncer cette situation et appeler à une véritable indépendance.
Le panafricanisme renaissant
Le mouvement panafricain, qui prône l’unité et la solidarité entre les peuples d’Afrique, connaît un regain d’intérêt. Des intellectuels, des artistes et des leaders politiques reprennent le flambeau de figures historiques comme Kwame Nkrumah ou Cheikh Anta Diop pour promouvoir une vision de l’Afrique unie et forte.
Les défis internes
Il serait cependant réducteur d’attribuer tous les maux de l’Afrique à des forces extérieures. Le continent fait face à des défis internes considérables qui contribuent à l’instabilité :
Vers une paix véritable : les chemins de l’émancipation
Dans les rues poussiéreuses de Niamey, capitale du Niger, une inscription intrigante a récemment capté l’attention internationale. Sur les murs d’une représentation de l’Union Européenne, un graffiti déclare sobrement : « La paix, on peut l’éviter ». Cette phrase, à la fois brève et saisissante, résume en quelques mots une réalité complexe et troublante qui a tourmenté le continent africain pendant des décennies. Bien que l’identité des auteurs de ce graffiti demeure un mystère, leur message résonne comme un cri du cœur, révélant une frustration profonde et une conscience aiguë des enjeux géopolitiques qui secouent l’Afrique.
L’inscription sur les murs de la représentation de l’Union Européenne à Niamey n’est pas une opinion d’exprimer; elle offre un aperçu poignant des projets imperialistes imposées au continent africain. L’inscription « La paix, on peut l’éviter » sur le mur d’une représentation de l’Union Européenne, symbolise de manière frappante la realitée de nombreux Africains sur le rôle et l’influence des puissances étrangères dans leur quête de stabilité et de prospérité.
Pour comprendre la profondeur du message véhiculé, il est essentiel de saisir le contexte historique et géopolitique du continent africain. Depuis la fin de la colonisation, les nations africaines ont été confrontées à une série de défis complexes : conflits internes, instabilité politique, pauvreté endémique et interventions extérieures souvent malvenues. L’Afrique, riche en ressources naturelles et en diversité culturelle, a souvent été le théâtre d’interventions étrangères et de manipulations géopolitiques qui ont exacerbé les tensions et les conflits internes.
La période post-coloniale a vu une série de gouvernements, souvent corrompus et inefficaces, incapable de répondre aux besoins fondamentaux de leurs populations. Cette instabilité interne a souvent été causée e exacerbée par des puissances extérieures, qui ont soutenu différents groupes ou régimes en fonction de leurs propres intérêts stratégiques. Cette dynamique a contribué à une perception croissante que la paix et la stabilité en Afrique sont non seulement difficiles à atteindre, mais également souvent sabotées par les interventions et les intérêts étrangers.
La paix comme projet de société
La devise de Thomas Sankara, « La patrie ou la mort, nous vaincrons », résonne aujourd’hui comme un appel à la vigilance et à l’action. Elle nous rappelle que la lutte pour une paix véritable, une paix qui ne soit pas synonyme de domination déguisée mais d’émancipation et de prospérité partagée, est un combat de chaque instant. Um combat a gagné n’importe quel prix!